C'est une construction d'époques diverses, des X. -XI' -XII' siècles.

Le mur sud de la nef demeure seul de l'église romane. Il comporte quatre arcades en plein centre, bouchées, au-dessus desquelles sont quatre petites fenêtres également en plein cintre. La façade a un portail gothique flamboyant; au-dessus fut une grande fenêtre aujourd'hui bouchée. Il y a deux nefs. L'entrée est dans l'axe de celle de droite du clocher et du maître-autel. Mais elle n'est pas dans l'axe du pignon de façade. Par contre, au centre de ce pignon est une grande baie, qui n'est donc pas au-dessus de la porte.

Ceci semble indiquer que l'édifice, assez petit lorsqu'il était chapelle du prieuré, a été agrandi par l'adjonction de la seconde nef. Le mur Est est d'ailleurs constitué par deux pignons correspondant aux deux nefs. Ils ont chacun une grande fenêtre gothique, mais ces deux ouvertures ne sont pas identiques. Le mur sud présente, à hauteur du chœur, une petite tourelle. Le mur nord a une porte secondaire.

Le clocher, placé sur la partie méridionale de l'édifice ainsi que nous l'avons signalé, est couvert en bétière. Comme le chœur, il remonte à la première époque du gothique (à lancettes). A droite sont les emplacements du croisillon sud du transept et d'une chapelle. La nef nord aboutit à une autre chapelle. Entre les deux chœurs est un gros pilier rond. Une très belle poutre de gloire, placée dans la nef principale, porte la date de 1284. On en voit peu d'aussi complètes dans nos paroisses. Sa croix est ébranchée avec médaillons, comme celle de Rantigny.

Au mur nord, à l'entrée de la chapelle Notre-Dame est placé un ex-voto. C'est un tableau sur bois (0 m 54 x 0 m 38) du XVI. siècle. Une inscription rappelle qu'il fut fait en souvenir de Martin d'Engoudes-sent, décédé le 3 aout 1573, qui fut seigneur de Cannettecourt, possédant le fief de la Mairie et le manoir de la Tache. Le tableau représente Saint Martin arrivant aux portes d'Amiens, le cheval, le manteau et le mendiant, mais aussi, à genoux. Le seigneur de la Tache armé et revêtu de la cotte d'armes.

Vers le centre de l'église, contre un gros pilier séparant les deux nefs, un haut-relief, moderne, d'assez grandes dimensions, nous rappelle le même souvenir, mais sans le seigneur. Au pilier nord-ouest du clocher a été conservé un écu peint. Représentant les armes d'un seigneur du pays, entourées d'un cordon. Il a certainement appartenu à une litre, aujourd'hui disparue.

Une pierre de la nef rappelle qu'une nouvelle consécration eut lieu en 1521 s'appliquant au grand-autel et aux chapelles Notre-Dame et Saint-Nicolas. L'église avait longtemps conservé des vitraux du Xllle siècle. (LedicteDuflos.) Les arcs d'ogives qui recouvrent tout l'édifice retombent aux murs sur des culs-de-lampe très variés, de même que les chapiteaux. Debauve et Roussel ont écrit à ce sujet " qu'ils présentent des ornements dont la primitive grossièreté " ne laisse pas d'être curieuse " et Georges Poisson confirme que " leur ornementation est directement dérivée de motifs celtiques et préromans ". Des dalles funéraires constituent une grande partie de l'allée conduisant à l'église à travers le cimetière. L'Église est classée monument historique depuis le 19 mars 1921. Et nous rappelons que les ponts de fascines traversant le marais ont été inscrits le 25 février 1936 parmi les sites protégés par la loi.